Positive à l’EPO, la cycliste pro Marion Sicot a écopé d’une suspension de deux ans en juillet 2019. De retour dans la compétition, ce dimanche, elle était au départ de l’Embrun Man. Avec le meilleur temps en vélo, elle s’est glissée à la deuxième place du classement féminin. Carrie Lester s’est une nouvelle fois imposée.
Le mythique Ironman d’Embrun présente un parcours exigeant où il faut faire preuve de force physique et mentale. Au programme : 3,8 kilomètres de natation, 188 kilomètres de vélo et un marathon pour finir. Aux avant-postes, l’Australienne Carrie Lester était intouchable, largement favorite avant le départ après les forfaits de la Suissesse Emma Bilham et de Christel Robin. Sous une chaleur accablante, elle s’est logiquement imposée en 11H06’23. Même après sa troisième victoire sur le tracé alpin, la sociétaire du Sunshine Coast Tri Academy a soufflé : « C’était difficile », alors qu’elle passait la ligne épuisée. Elle avait encore la force d’exposer un large sourire, tant elle était ravie de sa course que pour remercier tous les spectateurs ayant scandés son prénom pour l’encourager.
Derrière, la bataille aura été rude pour espérer se hisser sur le podium. C’est la Française Marion Sicot qui s’en est le mieux sortie. Après deux ans de suspension pour dopage, l’ancienne cycliste pro a signé son grand retour à la compétition. Il lui aura fallu 11 heures 44 minutes et 46 secondes pour boucler le mythique triathlon. « C’est un peu inespéré, c’est mon premier Ironman, je ne savais pas trop où j’allais me situer, si j’allais tenir mais au final terminer deuxième sur une épreuve aussi prestigieuse, c’est l’effort de beaucoup de sacrifice, de beaucoup d’heure d’entraînement ».
Deux années de suspension
En juillet 2019, elle avait écopé d’une suspension de 4 ans par l’AFLD. Au bout de quelques mois, Marion Sicot avait fait ses aveux de dopage dans l’émission Stade, affirmant s’être dopée par désespoir, pour échapper à l’emprise et au harcèlement sexuel de son manager. Alors la commission a relevé que la sportive a été soumise « à un comportement humiliant à connotation sexuelle et qui n’avait à l’évidence aucune justification sportive », elle « a d’autant plus cherché à se perfectionner et à réaliser des performances sportives qu’elle souhaitait échapper à ces rapports malsains (…) C’est dans ce contexte particulièrement difficile qui ne peut être ignoré que Mme. Sicot a décidé d’avoir recours au dopage ». La commission des sanctions avait alors réduit sa suspension à 2 ans.
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La folle remontée
« J’ai débuté en brassant et j’ai vu que j’étais dans les dernières. Je me suis dit que ça allait être long et je n’avais pas l’habitude de nager dans un peloton », mais très vite Marion Sicot est arrivée dans sa discipline de prédilection. 38e à la sortie de l’eau, « je savais qu’après la natation, ça ne serait que du plaisir ». La montée de l’Izoard a vite changé la donne et l’ordre des prétendantes au podium. Même si Carrie Lester était loin devant, la Française a lâché les chevaux et fait parler sa puissance à vélo. Il lui aura fallu 1 heure pour gravir les 13,7 km d’ascension, un temps record pour une féminine dans le col phare du parcours. Elle s’offre le meilleur temps féminin à vélo de la journée, et remonte à la deuxième place avant l’entame du marathon. Carrie Lester très peu inquiétée a fini avec plus de 3 minutes d’avance, alors que les outsiders se disputaient le podium. En serrant les dents, l’ancienne paria du peloton a conservé la deuxième place avec seulement quatre minutes d’avance sur la Hongroise Zelinka. La Française a fait preuve de caractère, elle estime « avoir payé sa faute avec ses deux ans de suspension » et souhaite « redevenir une athlète parmi tant d’autres ».
Pleine d’énergie, elle s’est fixé des tas d’objectif. D’abord cet Ironman, et le 18 et 19 septembre elle tentera de battre le record du monde du plus grand dénivelé à vélo en 24 heures. Le record actuel est de 14 612 mètres, Marion Sicot va essayer d’atteindre la barre des 16 000 mètres pour écrire son nom dans l’histoire.
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Photo à la une : (@HinninckPaul)