Élue Marin de l’année 2019 aux côtés d’Aloïse Retornaz, Camille Lecointre s’avance vers le plus grand objectif de sa carrière : une médaille d’or olympique lors des prochains JO de Tokyo. Médaillée de bronze à Londres en 2012, l’athlète française entend finir en apothéose, avant de se tourner, peut-être, vers les Jeux Olympiques de Paris 2024.
À quelques mois du début des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, Camille Lecointre et Aloïse Retornaz se sont confiées pour Le Sport au Féminin. Aujourd’hui, entretien avec la première citée, qui après une médaille de bronze il y a quatre ans à Londres espère bien sauter deux marches d’un coup pour se parer d’or à Tokyo.
Camille, au regard de votre parcours, couronné de succès, imaginiez-vous en arriver là ?
(Elle sourit) J’ai dépassé de loin mes objectifs. Forcément, quand j’ai débuté la voile, je n’avais pas comme objectif de ramener une médaille d’or des Jeux Olympiques. J’ai dépassé, et de loin, tout ce j’ai pu imaginer. Je suis heureuse de pouvoir continuer à naviguer. Je fais désormais partie des plus âgés de l’équipe de France de voile. Concilier vie de famille et compétition à haut niveau n’est pas facile. C’est un challenge supplémentaire. Mais je suis ravi de faire à nouveau une préparation olympique.
Quatrième à Londres, troisième à Rio. L’objectif, à Tokyo, c’est l’or olympique ?
C’est un immense défi, mais on vise la médaille d’or. On veut gagner deux marches sur le podium d’un coup. Je pense que c’est réalisable. Sur les épreuves internationales, que ce soit les Championnats du monde ou les Championnats d’Europe, nous sommes régulièrement sur le podium. Mais les Jeux Olympiques, c’est un peu différent. La concurrence est plus forte que nul part ailleurs. Les JO, c’est le graal, l’objectif ultime, pour tout le monde.
Vous sentez que vous êtes arrivée à maturité, que vous entrez dans vos meilleures années, pour enfin décrocher le graal ?
Mon expérience peut me servir, c’est sûr. Je sais comment se déroule les Jeux Olympiques. Il y a des éléments qui reviennent à chaque fois. Des imprévus, des favoris qui tombent, des outsiders qui triomphent, des surprises. Les championnats sont longs. Il ne faut pas se faire piéger. Avec Aloïse, on forme un duo complémentaire. Un mélange d’expérience et de jeunesse. Pour elle, ce sera ses premiers JO. Elle va venir sans pression, avec un petit peu de naïveté. C’est une bonne chose.
Quels sont les secrets de votre préparation pour Tokyo ?
Il faut tenir sur la durée ! C’est un cycle de quatre ans, où nos vies tournent autour de ce projet. On passe la moitié de notre temps sur l’eau, l’autre à s’entraîner physiquement. Il faut aussi préparer le bateau, pour qu’il soit fonctionnel et rapide. Ça reste un sport mécanique. Après Rio, j’ai repris tard après ma pause maternité. La préparation a été plus courte. Mais avec Aloïse, nous avons mis les bouchées doubles pour créer l’équipage le plus performant possible.
Quel regard portez-vous sur le plan d’eau de Tokyo ?
Il est intéressant, dans l’immense baie de Tokyo. Il y a pas mal de houle, des conditions météorologiques variées. Ce sera le début de la saison des typhons. On se prépare à vivre des conditions d’extrêmes. À Brest, nous n’avons pas beaucoup de vagues. On délocalise souvent nos entraînements, au Portugal notamment, ou sur les étapes du circuit mondial, pour bien s’habituer. On s’apprête aussi à partir en Espagne, à Palma de Majorque, pour les Championnats du monde. On va rester pas mal de temps sur place.
Comment avez-vous accueillie le prix de Marin de l’année ?
Comme une belle surprise ! Habituellement, ce sont les marins de course au large qui sont récompensés. Je suis fière d’avoir inscrit mon nom au palmarès, derrière des noms comme Franck Cammas ou Thomas Coville, des grands noms de la voile. C’est une belle reconnaissance. Cette récompense nous a vraiment mis en lumière.
Parlez-nous du flamboyant duo que vous formez avec Aloïse Retornaz ?
C’est assez rigolo, car nous avons plusieurs années d’écart. Cela créé une relation différente. Aloïse a eu de brillant résultats chez les juniors. C’était logique de m’associer avec elle après Rio. C’est la meilleure équipière que je peux avoir à mes côtés. Elle a un caractère fort. Je n’ai pas besoin de jouer le rôle de grande soeur avec elle. Nous avons une relation forte. Même si parfois, il peut nous arriver d’avoir des désaccords. Mais nous mettons nos égos de côté, car nous avons cet objectif commun. Il y a une vraie complémentarité, un véritable travail d’équipe entre nous.
Paris 2024, vous y pensez ?
Cela dépend du résultat à Tokyo. Si on arrive à décrocher l’or, il sera peut-être temps de tourner la page. Après, avec des Jeux Olympiques en France, ça ne va pas m’aider à tourner cette page… C’est tellement tentant !
Photo à la Une : (@DR)