Vice-championne du monde par équipe, vainqueur d’une manche de la Coupe du monde chez elle à Orléans et vice-championne d’Europe en individuel en 2019, Manon Brunet a connu une année pleine de succès. À moins de six mois des Jeux Olympiques, la sabreuse tricolore s’est confiée pour Le Sport Au Féminin. Extraits.
Le rendez-vous est fixé depuis plusieurs jours avec la Française de 24 ans. Détendue, souriante et pleine d’ambitions, Manon Brunet répond aux questions posées pendant une trentaine de minutes. Son année 2019, le stress de ne pas encore être sur à 100% d’être aux Jeux Olympiques ou encore ses souhaits pour Tokyo, elle n’élude aucun sujet.
Dans quel état de forme êtes-vous ?
Ça va, je n’ai pas de pépin physique particulier. On reprend la compétition début mars et on saura si on est qualifié pour les Jeux Olympiques. Je sors de cinq jours de repos avant de reprendre.
Quel est votre programme pour les prochains mois ?
Pour l’instant on s’entraîne pour qualifier l’équipe de France de sabre aux Jeux. Il y a 1% de chance qu’on ne soit pas qualifié. On devrait savoir tout ça début mars et ensuite on aura quelques jours de vacances. Pour ce qui est de la qualification individuelle, on sera fixé en avril. On a une Coupe du monde à Séoul fin avril. On aura ensuite quelques manches de Coupe du Monde jusqu’à juin. On essayera alors sur ces compétitions de marquer des points et de s’entraîner pour les Jeux. On a aussi les championnats d’Europe en juin et quelques stages. On devrait partir à Tokyo deux semaines avant notre entrée dans la compétition.
Comment se passe la sélection pour Tokyo ?
Pour la qualification par équipe, on a une qualification internationale qui a débuté en avril dernier à Séoul. Elle dure un an et se termine fin mars. À l’issue de ces huit manches et les championnats (monde et Europe), il y a un classement et les quatre meilleures nations sont qualifiées pour Tokyo. Ensuite, il y a un pays par continent qui est qualifié dans le reste du classement international. Au niveau individuel, pour le sabre, les entraîneurs ont décidé de commencer à comptabiliser les points à partir de la première manche à Orléans. Toutes les compétitions comptent jusqu’à l’étape de Séoul. À ce moment-là, la première au point est directement qualifiée pour Tokyo. Et après les entraîneurs choisissent les deux filles qualifiées.
Est-ce stressant de ne pas être sur à 100% d’être à Tokyo cet été ?
Ça dépend des armes. Pour la qualification olympique, on n’est pas stressé. On l’était au début, mais on a été vice-championnes du monde. Les pays européens sont aussi très forts, donc il faut monter sur la boite. Par équipe, on a fait le plus gros du travail. On attaque les deux prochaines étapes assez détendues contrairement à d’autres sélections qui sont entre-deux. Individuellement, ma première place à Orléans m’a calmé au niveau de mon stress. Le profil des trois Françaises se détache. Nous sommes les trois filles qui étaient déjà là à Rio.
Cette saison, vous avez remporté une médaille d’argent par équipe aux Championnats du monde, mais aussi une manche de la Coupe du monde en individuel chez vous à Orléans. Quel est votre meilleur souvenir de 2019 ?
C’était des moments vraiment différents. Gagner une compétition, c’était dingue. Mais c’était aussi sympa qu’on finisse deuxièmes des Championnats du monde. La journée avait en plus été rude pour moi. Je n’étais pourtant pas en forme, mais on a réussi à se porter toutes ensemble.
Vous avez aussi été vice-championne d’Europe. Votre premier grand résultat en individuel …
Ce fut d’abord un soulagement. Je commençais à me dire que je n’allais jamais arriver à gagner une médaille en individuel. Quand j’ai gagné mon quart de finale, je me suis qui que j’allais enfin y arriver. J’ai eu un déclic. En demi c’est aussi passé avant que je perde en finale. Mais ensuite, j’ai profité du moment.
Comment avez-vous vécu le fait de perdre en finale, mais de gagner quand même une très belle médaille ?
Sur le moment on est énervé et un peu triste, car j’avais perdu ce match. Je me disais qu’elle était meilleure et que la prochaine fois je ferais différemment. C’était la première fois que je montais sur le podium en individuel. Et je me suis dit de profiter. On est déçu de perdre et c’est dommage, mais je méritais ma place sur le podium.
Justement, comment expliquez-vous que vous gagnez souvent des médailles par équipe, mais que vous en avez gagné qu’une seule en individuel lors des grands championnats ?
En individuel, c’est moi toute seule. Il faut de l’expérience et une confiance en soi. Il ne faut pas être stressé. J’ai souvent fait de bonnes saisons et je me pensais capable de gagner quelque chose, mais ça me faisait peur. En équipe, on a toujours une fille qui nous booste et qui nous dit qu’on peut gagner. On a une équipe qui marche bien et on s’encourage, on se bagarre. J’ai la motivation et l’envie de gagner en individuel. J’ai même pris un préparateur mental avec moi depuis un an. La victoire à Orléans m’a fait du bien et mon début de saison est bon.
Vous êtes l’une des leaders de l’escrime tricolore, est-ce que ça vous met une pression supplémentaire ?
Dit comme ça, oui un peu (rires). Ce n’est pas une pression en plus car je l’ai déjà un peu moi-même. Sur la piste, je suis toute seule et la France sera derrière la télé. La pression d’être l’une des leaders, ça me rend fière, mais j’ai envie de montrer que ce n’est pas juste un titre. J’ai envie d’une médaille. C’est moi qui la ramène. C’est l’équipe qui m’a donné sa confiance.
Rêvez-vous d’être un jour porte-drapeau de l’équipe de France ?
Ça doit être dingue. Là je n’y pense même pas. Je suis loin d’être dans les petits papiers pour être porte-drapeau. Être déjà aux Jeux, c’est quelque chose de grand. J’espère que c’est quelqu’un de très fort qui le portera. J’aimerais bien voir des personnes que je connais et qui pourraient le faire. Je pense notamment à Clarisse Agbegnenou.
Quels souvenirs gardez-vous des Jeux Olympiques de Rio où vous aviez terminé au pied du podium ?
J’ai découvert là-bas que je pouvais être très forte. Mes résultats sont en progrès depuis cette quatrième place à Rio. Malgré cette tristesse, je ne pensais pas pouvoir arriver en demi-finale et pourtant j’ai réussi à atteindre le dernier carré. J’ai pris de l’expérience et j’ai découvert une nouvelle Manon là-bas. Je me rappelle surtout de la cérémonie d’ouverture et le moment où je suis devenue un peu euphorique. Je me suis rendu compte que j’étais aux Jeux Olympiques. C’est un de mes plus beaux souvenirs. C’était immense et on attendait tellement de rentrer dans ce stade. Le village olympique était aussi top. L’ambiance était assez dingue. Les cérémonies c’était assez fou.
Comment avez-vous évolué depuis les Jeux olympiques 2016?
J’ai grandi. C’est long quatre ans même si ça passe très vite. Aux JO de 2016, je me voyais comme une petite fille un peu fofolle, car je gagnais des matchs. Cette Manon-là elle est bien loin maintenant. Même si je suis toujours aussi heureuse de gagner. Je suis devenue une femme. Cette petite Manon peut me manquer un peu. Mais j’ai plus confiance en moi et je suis un peu plus sereine. Je sais ce que je dois faire sur la piste. Même quand je suis un peu perdu, je garde une expérience particulière même si j’apprends encore.
Vous rêvez d’une médaille olympique ou vous ne visez rien d’autre que le titre ?
Je vise deux médailles d’or. En individuel et en équipe. Je sais que par équipe on pet gagner ou même faire une médaille. En individuel, j’aimerais être championne olympique, mais il faudra avancer étape par étape. Un match d’escrime peut vite évoluer. J’y crois pour gagner une médaille, mais aussi pour remporter le titre olympique.
À 24 ans, vous avez un très bel avenir qui vous attend. Quels sont vos prochains objectifs?
Je vais me concentrer pour Paris 2024. Aller faire de l’escrime à la maison. Mon mon objectif est de remporter une médaille d’or à la maison. Ça serait magnifique surtout que j’aurais 28 ans à ce moment-là et je serais alors dans la force de l’âge pour une escrimeuse.
Photo à la Une : (@FFE)
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