Quelques jours après l’annonce officielle du report des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, en raison de la pandémie du coronavirus qui paralyse le monde depuis plusieurs semaines, la nageuse tricolore, Lara Grangeon, s’est confiée pour Le Sport au Féminin. Extraits.
Le 24 mars dernier, le CIO annonçait officiellement le report des Jeux Olympiques de Tokyo, qui devaient se dérouler du 24 juillet au 10 août 2020. Une décision attendue par la plupart, et qui est venue soulager la majorité des sportives, notamment en France, qui étaient dans l’incertitude depuis plusieurs semaines. Lara Grangeon, qui a été la première nageuse tricolore à décrocher son ticket pour Tokyo, s’est confiée pour Le Sport au Féminin à ce sujet. Le report des JO, les conséquences sur sa préparation, le confinement son regard sur la situation sanitaire actuelle, la native de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) n’élude aucun sujet. Extraits.
Comment avez-vous réagi à l’annonce du report des Jeux Olympiques ?
Je suis déjà contente qu’ils aient pris une décision car ce n’était pas évident d’avancer dans l’inconnu. Je pense que le report était la bonne décision par rapport à la crise sanitaire que traverse le monde actuellement. La santé de tout le monde est primordial. En terme d’équité également ce n’était pas évident de maintenir les Jeux Olympiques à cet été. En France on n’a pas la possibilité de continuer à s’entraîner car le confinement est quasi total. Certains ont des piscines chez eux, d’autres pas. De plus, certains pays ont donné aux athlètes la possibilité de continuer à s’entraîner (en Allemagne par exemple) donc ce n’était pas top en terme d’équité. C’était la bonne chose à faire, reste à savoir maintenant à quand les JO seront repoussés. On parle de 2021 mais dans la lettre du CIO il n’y a pas de dates fixes. On est encore dans l’attente.
Quel sera l’impact de cette décision sur vos prochaines semaines de préparation ?
Il reste encore quelques semaines de confinement pour l’instant ! Chez moi j’ai un tapis de course, un trainer et je continue à faire des PPG et du travail à sec. Même si les JO se déroulent dans un an, mon objectif sera le même et je reste concentrée là-dessus. Je suis déterminée et je m’entraînerai à fond dès mon retour dans les piscines. On va rétablir un planning avec mon staff pour voir quelles compétitions on va faire, comment mettre à profit le report des JO, faire des courses en eau libre etc … La détermination n’a pas changé, les dates sont différentes, pas les ambitions !
Vous aviez été la première nageuse française à décrocher la qualification pour Tokyo 2020. Depuis l’annonce du report, craignez-vous que cette qualification soit remise en question ?
Je n’ai pas d’informations à ce sujet pour l’instant. Je pense qu’il serait normal que les athlètes qualifiés restent qualifiés. Ca reste les mêmes Jeux Olympiques même si la date est différente. C’est mon point de vue, après je ne suis peut-être pas totalement objective car je suis qualifiée. Maintenant, si je dois repasser par les qualifications je le ferai. Quand on veut être médaillée olympique, il ne faut pas avoir peur de repasser par une qualif’.
Comment se passe le confinement ?
Je ne peux pas dire que c’est la meilleur période de ma vie. Je suis quelqu’un de dynamique qui adore bouger et sortir. Ce n’est pas facile d’être enfermée mais j’essaie de ne vraiment pas sortir. Je reste chez moi, je ne sors pas faire d’activités physiques. Il faut que tout le monde reste chez soi. Je m’entraîne comme je peux à mon domicile, j’ai pris quelques altères dans la salle de musculation de la piscine (Rires). Mon entraîneur et la fédération m’envoient des programmes à suivre, des planning etc .. J’ouvre beaucoup la fenêtre ! Je suis en appartement donc ce n’est pas facile mais la situation est la même pour tout le monde. Aujourd’hui le plus important est de rester chez soi. On verra combien de temps ça dure mais il faut faire avec.
Certaines personnes ne respectent pas totalement le confinement. Qu’en pensez-vous ?
Je crois que j’ai été l’une des premières à prendre des précautions. Il y a quelques semaines à Rouen ou en équipe de France, je portais déjà un masque et on s’est un peu moqué de moi (Rires). J’ai la chance d’avoir des parents qui sont médecins. Mon père, qui travaille à la DASS en Nouvelle-Calédonie m’a alerté au sujet de la situation. Je prend cela très au sérieux. Quand on voit l’ampleur que cela prend au niveau mondial, en terme de malades ou même de l’arrêt total de l’économie dans de nombreux pays .. Les gens qui sortent n’ont pas conscience de cela. Après on ne sait pas comment ça se passe chez eux. Je ne vis pas dans un tout petit appartement donc je ne suis pas à l’étroit. Cela doit être compliqué pour certaines personnes mais il y a des gens qui sortent par égoïsme, en se disant «Moi il ne m’arrivera rien.» Moi non plus il ne m’arrivera rien, mais ce n’est pas pour autant que je sors. Il s’agit de rester confiné pour ne pas mettre en danger les personnes âgées et les plus fragiles. Le danger est de surcharger les hôpitaux avec un trop grand nombre de personnes contaminées. Les médecins, infirmiers et personnels soignants mettent leur vie en danger pour nous sauver et il faut penser à eux.
Sortez-vous pour applaudir à 20h ?
Oui je le fais depuis le début, c’est très important. On n’est pas beaucoup à le faire dans ma résidence mais je le fais avec mon copain. C’est la moindre des choses et le minimum que l’on peut faire pour remercier ceux qui risquent leur vie pour nous.
Photo à la Une : (@FFN)
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