Ils ont remporté à eux deux 8 des 9 dernières Ligue des Champions. Et représentent à merveille la sacro-sainte rivalité franco-allemande qui impose sa loi sur le football européen. Lyon et Wolfsburg vont s’affronter ce dimanche en finale de C1, pour la quatrième fois depuis 2013. Une confrontation attendue. L’affiche dont tout le monde rêvait. Sous des airs de déjà-vu.
Dimanche soir (20 heures sur W9 et Canal Plus) au Stade d’Anoeta de Saint-Sébastien, un grand classique du football féminin continental aura lieu. Histoire de clôturer une saison européenne si particulière. Le choc des titans entre l’armada lyonnaise, quadruple championne d’Europe en titre, et Wolfsburg, club phare des années 2010, et encore aujourd’hui l’une des rares formations à avoir les armes, sur le papier, pour titiller les protégées de Jean-Michel Aulas. En demi-finale, Lyon et Wolfsburg s’en sont sortis à l’expérience face aux deux puissances émergentes que représentent Paris et Barcelone. Ce match aura donc une allure de tournant. Lyon, irrésistible depuis 2016, veut clairement poursuivre son exceptionnelle hégémonie, qui a déjà été stoppée une fois par Wolfsburg dans le passé. Dans l’histoire de la compétition, les deux équipes se sont affrontées à cinq reprises, le tout en l’espace de seulement sept ans. Et souvent, le duel a tourné à l’avantage des rhodaniennes, insubmersibles. Mais éternelles ?
Finale 2013 : Lyon – Wolfsburg (0-1)
Pour ses débuts européens, Wolfsburg, pas encore roi d’Allemagne, crée la sensation. Face à la formation allemande, l’ogre lyonnais, en quête d’un troisième titre consécutif sur la scène européenne, déjoue totalement. Les coéquipières de Louisa Nécib, invaincues sur un match de 90 minutes depuis plus de deux ans, s’inclinent sur un pénalty de Martina Müller, qui inscrit cette saison-là 24 buts en 35 rencontres. La Coupe revient sur l’autre rive du Rhin. Après Francfort, titré en 2002, 2006 et 2008, Postdam, vainqueur en 2005 et 2010, et Duisbourg, lauréat de l’édition 2009, Wolfsburg entre dans la cour des grands d’Allemagne. 2013 est d’ailleurs l’année d’un triplé inédit : Championnat, Coupe d’Allemagne et Champions League : les Verts et Blanche marchent sur l’eau en 2013. Et Lyon a pris l’eau.
Finale 2016 : Lyon – Wolfsburg (1-1, t.a.b. 4-3)
Trois ans après, l’heure de la revanche a sonné pour l’OL, qui a enchaîné les désillusions (élimination dès les 1/8 de finale en 2014 et 2015) sur la scène européenne. Emmené par la prodige Ada Hegerberg (12 buts depuis le début de la compétition), déjà considérée comme l’une des meilleures buteuses d’Europe, Lyon ouvre le score dès la 12e minute par sa buteuse providentielle. Finalement, Popp égalise à la 88e minute, et la décision se fait lors de la séance des tirs au but, où une immense Sarah Bouhaddi stoppe les tentatives de Fischer et Busaglia. Kumagai, championne du monde 2011 avec le Japon sur le même scénario, inscrit le tir décisif de la séance. Lyon remonte sur le trône. Et il n’a plus vacillé depuis.
Quart de finale 2017 : Lyon -Wolfsburg (2-0, 0-1)
Dominatrices lors du match aller disputé en Allemagne, Lyon s’impose finalement (2-0) grâce aux réalisations de Camille Abily (62e) et Dzsenifer Marozsan (74e). Mais le match retour n’est pas une formalité : face à des Allemandes qui n’ont rien à perdre, l’OL passe par tous les états sur la fin de match, lorsque Caroline Graham Hansen vient ouvrir le score sur un penalty (82e). Finalement, Lyon tient le coup et s’envole vers un deuxième sacre continental de rang. Ce quart de finale 2017 aurait pu inverser la vapeur, dans une saison florissante pour Wolfsburg, qui réalise le doublé Championnat-Coupe. Mais les joueuses de Jean-Michel Aulas ont su se montrer décisives dès le match aller, à défaut de briller sur l’ensemble des 180 minutes. Le pragmatisme à la Lyonnaise. L’ADN des plus grandes.
Finale 2018 : Lyon – Wolfsburg (4-1 a.p)
90 minutes amères. Et puis, le bouquet final, lors de 30 ultimes minutes pleines de folie. Wolfsburg est pourtant bien entré dans sa prolongation, ouvrant le score à la 93e minute. Mais, à 27 minutes de la fin du règne, l’OL sort le grand jeu. Les flèches De Sanden et Cascarino entrent, et l’exclusion de Popp condamne les Allemandes. Amandine Henry égalise (98e), suivi par les réalisations de le Sommer (99e) et Hegerberg (103e), néo recordwoman du nombre de buts inscrits en une saison (15 lors de la C1 2017-2018). Abily profite du baisse de rythme et marque (116e) pour son avant-dernier match en carrière. L’OL s’est donc imposé au mental. Comme souvent. Et quand le rouleau compresseur s’active, il est presque impossible de l’arrêter.
Quart de finale 2019 : Lyon – Wolfsburg (2-1, 4-2)
Efficaces, les Louves inscrivent le but de l’espoir à Lyon (1-2) : Nilla Fischer (64e) vient répondre aux réalisations de Le Sommer (11e) et Renard (18e). Invaincu à domicile depuis deux ans (toutes compétitions confondues), l’OL répond clairement présent face à la pression en Allemagne. Harder (53e, 56e) vient redonner du suspense dans une rencontre entamée tambour battant par Lyon, menant 2-0 dès la première mi-temps (Marozsan à la 8e, Renard à la 25e). Mais la dernière accélération lyonnaise fait mouche, toujours activée par l’apport de son banc pléthorique. Eugénie le Sommer (60e, 80e) y va de son doublé. L’Olympique Lyonnais reste en vie, et ira chercher sa quatrième Ligue des Champions consécutive.
Et depuis ? Et bien, les Louves de Wolfsburg sont tout simplement invaincues. Impériales en championnat lors de l’exercice 2019-2020 (1res avec 20 victoires et 2 nuls, et plus de 4 buts par match de moyenne), les Allemandes s’avancent depuis le début de saison comme les outsiders numéro 1 de l’OL. De plus, il faut tenir compte du contexte : la crise du coronavirus, qui a imposé une pause de plusieurs mois, admet que le niveau de forme de chaque joueuse a sans doute été tronqué. L’infirmerie lyonnaise est d’ailleurs bien remplie. Hegerberg toujours absente, Mbock blessée et Parris suspendue, Jean-Luc Vasseur va devoir rebattre les cartes dans son 11 titulaire. Finalement, pour les adversaires de Lyon, c’est (peut-être) l’année ou jamais. Paris, et ses ambitions gargantuesques n’a pas saisi sa chance. Mais Wolfsburg n’est pas le PSG. C’est, depuis son avènement en 2013, un quintuple finaliste de C1, et le quadruple tenant en titre du championnat le plus relevé au monde. Un géant du football européen, qui serait sans doute le plus grand de tous sans l’écueil immense qui éteint le reste de l’Europe depuis des années. Lyon aura les cartes en main, comme toujours. Mais les Louves ont vécu trop de désillusions face aux Lyonnaises pour ne pas avoir de soif de vengeance.
(Photo à la Une : Olympique-et-Lyonnais)